Illégalité d’une évaluation en langues étrangères confiée à un organisme extérieur pour la délivrance des diplômes de BTS, DUT et Licence

Dans une décision en date du 07 juin 2022, le Conseil d’Etat a rappelé que seuls les établissements d’enseignement supérieur accrédités à délivrer des diplômes nationaux peuvent contrôler les connaissances et les aptitudes des étudiants.

Contexte de l’affaire :

Le décret n°2020-398 du 03 avril 2020 et l’arrêté de la Ministre de l’enseignement supérieur en date du même jour ont subordonné l’obtention du diplôme de licence, de BTS et de DUT à la présentation, par les candidats à ces diplômes nationaux, d’une certification de leur niveau en langue anglaise au moyen d’une évaluation externe reconnue au niveau international et par le monde socio-économique.

En d’autres termes, ces évaluations externes n’étaient pas directement réalisées par les établissements d’enseignement supérieur, mais par des prestataires extérieurs à ces établissements.

Plusieurs associations réunissant des chercheurs ou enseignants en langues vivantes ont contesté directement devant le Conseil d’Etat (compétent en premier et dernier ressort) ces deux décisions réglementaires.

La décision du Conseil d’Etat :

Après avoir rappelé l’étendue du contrôle opéré par le Juge sur l’intérêt et la qualité pour agir des associations, le Conseil d’Etat annule le décret et l’arrêté ministériels précités du 03 avril 2020.

Pour ce faire et au visa notamment de l’article L.613-1 du Code de l’éducation, le Conseil d’Etat relève que, sous réserve du dispositif spécifique à la VAE, « seuls les établissements accrédités par l’Etat peuvent délivrer les diplômes nationaux », et que la délivrance de ces mêmes diplômes « ne peut dépendre que des résultats du contrôle des connaissances et des aptitudes des candidats appréciés par les établissements accrédités ».

Dans ce contexte législatif, le Conseil d’Etat juge que la certification en langues étrangères délivrée par des organismes non accrédités en vue de la délivrance d’un diplôme national méconnaît l’article L.613-1 du Code de l’éducation.

En conséquence, le Conseil d’Etat annule le décret et l’arrêté ministériel du 03 avril 2020.

Sources et liens

À lire également

Droit de la commande publique
Le Conseil d’Etat fixe les règles concernant la durée unique d’une délégation multiservices
Dans le cadre de contrats de délégation multiservices, une durée unique peut être fixée par l’autorité concédante, sous conditions (CE,...
Droit de la commande publique
En concession, une offre initiale irrégulière peut être régularisée en cours de négociation
Dans le cadre de la procédure de passation d’un contrat de concession, le Conseil d’Etat admet que la régularisation d’une...
Droit de la commande publique
Le décret du 30 décembre 2024 portant diverses mesures de simplification du droit de la commande publique porte-t-il bien son nom ?
Le décret n°2024-1251 du 30 décembre 2024 qui a été publié au Journal Officiel le 31 décembre modifie le Code...
Droit de la commande publique
Contrats publics : Un CCAP peut valablement déroger à la procédure d’établissement d’un décompte général et définitif tacite sans mentionner explicitement l’article du CCAG auquel il déroge
Par un arrêt du 16 octobre 2024, la cour administrative d’appel de Douai a jugé qu’un CCAP rédigé de manière...