Précisions sur la notion d’ensemble immobilier unique

Par son arrêt ‘’Commune de Grenoble’’ du 17 juillet 2009 (n° 301615, Publié au recueil Lebon), le Conseil d’Etat a posé le principe selon lequel si « une construction constituée de plusieurs éléments formant, en raison des liens physiques ou fonctionnels entre eux, un ensemble immobilier unique, doit en principe faire l’objet d’un seul permis de construire, elles ne font pas obstacle à ce que, lorsque l’ampleur et la complexité du projet le justifient, notamment en cas d’intervention de plusieurs maîtres d’ouvrage, les éléments de la construction ayant une vocation fonctionnelle autonome puissent faire l’objet de permis distincts, sous réserve que l’autorité administrative ait vérifié, par une appréciation globale, que le respect des règles et la protection des intérêts généraux que garantirait un permis unique sont assurés par l’ensemble des permis délivrés ». Depuis, les contours de ce principe ont été clarifiés à plusieurs reprises par la Haute Juridiction (voir par exemple : CE 28 décembre 2017 n° 406782).

L’arrêt du 28 décembre 2018 vient à son tour préciser la notion d’« ensemble immobilier unique » qui nécessiterait un permis de construire unique.

En l’espèce, le maire d’Anglet avait délivré à deux sociétés des permis de construire le 15 octobre et 4 décembre 2015 et puis des permis de construire modificatifs le 25 juillet 2016. Ces autorisations d’urbanisme avaient été délivrées pour la réalisation de projets de grande ampleur édifiés dans la même allée par deux sociétés distinctes. Les requérants ont demandé l’annulation de l’ensemble des permis au tribunal administratif de Pau qui a fait droit à leurs requêtes au motif que les projets de construction en cause exigeaient, du fait de leurs caractéristiques, une autorisation de construire unique.

Saisie par un pourvoi, le Conseil d’Etat a annulé la décision du juge administratif, et estimé que les deux projets bien que situés sur deux terrains contigus, ne constituaient pas un ensemble immobilier unique.

Après avoir rappelé le considérant de principe précité, il a ainsi précisé que « lorsque deux constructions sont distinctes, la seule circonstance que l’une ne pourrait fonctionner ou être exploitée sans l’autre, au regard de considérations d’ordre technique ou économique et non au regard des règles d’urbanisme, ne suffit pas à caractériser un ensemble immobilier unique ».

Par suite, il a considéré que le tribunal administratif avait commis une erreur de droit pour apprécier le lien fonctionnel des bâtiments en cause en se fondant uniquement sur des éléments techniques, à savoir le fait que ces projets soient « desservis par une même voie d’entrée et de circulation interne, qu’ils bénéficient d’une même rampe d’accès à leurs parcs de stationnement respectifs et partagent les mêmes réseaux d’eau, d’électricité, de fibre optique et de gaz, ainsi que l’éclairage collectif et d’autres équipements annexes tels qu’un poteau incendie, des boîtes aux lettres et un local de stockage de conteneurs à déchets et qu’enfin, bien que relevant de deux maîtres d’ouvrage distincts, ces projets présentent la même conception architecturale ».

En conclusion, en statuant ainsi, le Conseil d’Etat vient préciser dans cet arrêt que des éléments techniques ne peuvent suffire à caractériser un lien fonctionnel suffisant entre des constructions distinctes.

Sources et liens

À lire également

Droit de l'urbanisme et de l'aménagement
Impossibilité pour le pétitionnaire de se prévaloir du fait qu’un permis aurait dû lui être délivré avec des prescriptions spéciales
Par un avis contentieux, le Conseil d’Etat a précisé qu’un pétitionnaire auquel est opposée une décision de refus ne peut...
Droit de l'urbanisme et de l'aménagement
Pas de droit de délaissement pour les volumes
La Cour de cassation a jugé que le propriétaire d’un bien en volume ne pouvait bénéficier du droit de délaissement,...
Droit de l'urbanisme et de l'aménagement
Précisions sur l’appréciation de l’obligation de création de logements sociaux dans un immeuble collectif
Le Conseil d’Etat a apporté des précisions sur l’appréciation de l’obligation de création de logements sociaux dans les projets d’immeubles...
Droit de l'urbanisme et de l'aménagement
L’illégalité du règlement de la ville de Paris fixant les conditions de délivrance des autorisations de location des locaux commerciaux en meublés de tourisme en tant qu’il ne prévoit pas des critères clairs et précis de la condition tenant à préservation de l’équilibre entre emploi, habitat, commerces et services
Par un arrêt du 6 février 2025, la cour administrative d’appel de Paris s’est prononcée sur la légalité de la...