Urbanisme commercial : Permis modificatif, attention prudence

Par un arrêt du 18 novembre 2020, qui sera mentionné sur ce point aux Tables du Lebon, le Conseil d’Etat vient de juger que tout permis de construire modificatif (ou refus de permis modificatif) – même non substantiel – exige un nouvel avis de la CDAC (Commission Départementale d’Aménagement Commercial) et par conséquent, en cas de contestation, la saisine préalable de la CNAC (Commission Nationale d’Aménagement Commercial) avant la saisine de la cour administrative d’appel.

La société qui, en l’espèce, avait sollicité une demande de permis modificatif pour notamment diviser (au sein d’un bâtiment de 788,26 m² préalablement autorisé pour étendre un ensemble commercial de plus de 1 057 m² existants) une cellule commerciale de 415 m² en trois cellules commerciales, était tenue de saisir préalablement la CDAC et la CNAC pour contester devant la cour administrative d’appel le refus du permis modificatif sollicité, même si le projet entrepris ne présentait pas un caractère substantiel.

Cette solution peut sembler de prime abord étonnante au regard des dispositions de l’article L. 425-4 du code de l’urbanisme qui ne prévoit une nouvelle saisine de la CDAC que pour « une modification du projet qui revêt un caractère substantiel ».

Mais cette solution, posée de manière générale, semble procéder du caractère dérogatoire de la compétence en premier et dernier ressort de la cour administrative d’appel pour les contestations de permis de construire ou refus de permis, valant autorisation de construire et autorisation d’exploitation commerciale (article L. 600-10 du code de l’urbanisme) ; caractère dérogatoire que le Conseil d’Etat a souhaité ici réserver aux seules contestations qui avaient subi préalablement le double filtre de la CDAC et de la CNAC.

Sources et liens

À lire également

Droit de l'urbanisme et de l'aménagement
Aucune nouvelle délibération et consultation des personnes publiques requise pour régulariser l’absence d’évaluation environnementale d’une révision d’un PLU
30 septembre 2025
Le Conseil d’Etat a jugé qu’aucune nouvelle délibération du conseil municipal et aucune consultation des personnes publiques associées n’est requise...
Droit de l'urbanisme et de l'aménagement
Les pouvoirs de police des maires pour les infractions au code de l’urbanisme subordonnés au délai de prescription de l’action publique
24 juillet 2025
Par un avis contentieux, le Conseil d’Etat a estimé que la mise en œuvre des pouvoirs de police spéciale des...
Droit de l'urbanisme et de l'aménagement
Une loi pour transformer les bureaux et autres bâtiments vacants en logements
16 juin 2025
La loi n° 2025-541 en date du 16 juin 2025 a pour objectif de faciliter la transformation des bureaux vacants...
Droit de l'urbanisme et de l'aménagement
Absence d’obligation pour le juge de permettre une nouvelle régularisation d’un PC après une première mesure restée sans effet
6 juin 2025
Le Conseil d’Etat a jugé qu’il n’appartient pas au juge de poursuivre la recherche de la régularisation d’un vice affectant...